- mort
- I.Mort,orte. partic. Il a les significations de son verbe. Il est mort. l'Arrest porte qu'il sera pris, mort ou vif.On dit, d'Un homme, qu'Il est mort civilement, pour dire, qu'Il a esté banny à perpetuité. On le dit aussi des Religieux & Religieuses.On dit, d'Un moribond de la guerison duquel on desespere, C'est un homme mort.On dit, d'Un médisant, d'un fanfaron à qui il est arrivé quelque mortification qui l'empesche de parler aussi librement qu'à l'ordinaire, qu'Il a la gueule morte.On dit, Frapper sur quelqu'un comme sur beste morte, pour dire, Le frapper outrageusement.On dit prov. Morte la beste, mort le venin, pour dire, Que quand un ennemi est mort il ne peut plus nuire.On dit prov. qu'Un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort, Pour marquer l'avantage qu'il y a de vivre.On appelle en termes de Gruerie, Mort bois, Les espines, les ronces, & autre sorte de bois de nulle valeur qui vient dans les forests; Et, on appelle, Bois mort, Tout le bois qui est effectivement seché sur le pied, & qui ne tire plus aucune nourriture de la terre.On appelle, Chair morte, Une chair pourrie & insensible qui est dans les escares des playes.On dit, Cotte morte, pour dire, La succession d'un Religieux, qui a joüy de quelque pecule, ou d'un benefice.On appelle, Eau morte, de l'Eau qui ne coule point, comme celle des Estangs. Et, Morte eau, L'eau de la mer la plus basse.On appelle aussi, Argent mort, De l'argent qu'on laisse dans un coffre, & dont on ne tire aucun profit.On dit, Couleur morte, pour dire, Une couleur sombre, & tellement effacée qu'elle est sans aucun esclat.On dit prov. d'Une affaire qu'on laisse là sans la poursuivre, & dont on ne parle plus, Que c'est une chasse morte.On appelle en termes de Pratique & de fief, Gens de main-morte, Les gens d'Eglise, les Communautez seculieres ou regulieres, les Hospitaux, les Convents &c. Et l'on dit, qu'Une terre est en main-morte, qu'elle est tenuë à main-morte, pour dire, qu'Elle est possedée par des gens d'Eglise. On appelle aussi absolument, Mains-mortes, Les gens d'Eglise qui possedent des domaines en France. Les mains-mortes ne peuvent posseder aucun domaine sans la permission du Roy. en quelques Coustumes le Seigneur de fief peut contraindre les mains-mortes de deguerpir.On dit, Saison morte, En parlant de certains temps de l'année où le commerce, les affaires & les plaisirs ne sont pas si vifs que dans les autres temps. Le temps des vacances est une saison morte pour les affaires de Palais. le mois de May est la plus morte saison de l'année pour la chasse.II.Mort. Est quelquefois subst. Enterrer les morts. ensevelir les morts. il a eu la charge du mort. prier Dieu pour les morts. le service des morts. oraison pour les morts. quand Dieu viendra juger les vivants & les morts. le jour des morts. il ne faut point insulter aux morts. aprés le combat il fut trouve parmi les morts. les ennemis envoyerent un Trompette demander leurs morts. teste de mort. il est pasle comme un mort.On dit prov. Plus de morts, moins d'ennemis.On dit aussi prov. Que les morts ont tousjours tort, pour dire, qu'On excuse tousjours les vivants aux despens des morts.On dit prov. Les morts ne mordent plus, pour dire, qu'Ils ne sont plus en estat de se ressentir ny de faire mal.On dit en termes de Jurisprudence, Que le mort saisit le vif, pour dire, qu'Un homme en mourant laisse son heritier possesseur de son bien sans qu'il soit besoin d'aucun acte de Justice.III.Mort. s. f. La fin, la cessation de la vie. Mort naturelle. mort douce. mort violente. mort tragique, funeste, deplorable. mort glorieuse. heureuse mort. mort ignominieuse, honteuse, infame, malheureuse. mort soudaine. mort precipitée. mort avancée. il a fait une belle mort. il a fait une mort bien Chrestienne. il est mort de la mort des justes. la mort des Saints est precieuse devant Dieu. il a long-temps combatu la mort. point de remedes contre la mort. craindre la mort. souhaiter, desirer la mort. courir à la mort. attendre la mort en patience. affronter, braver la mort. avoir tousjours la mort devant les yeux. envisager fermement la mort. le jour de sa mort. à l'heure de la mort. les approches de la mort. le hoquet de la mort. condamner à mort. condamner à la mort. toutes les voix alloient à la mort, ont esté à la mort. le Procureur General a conclu à la mort. on l'a jugé à mort, à la mort. souffrir la mort. nostre Seigneur a souffert mort & passion. affronter la mort. on luy donna cent coup aprés sa mort.On appelle, Peine de mort, sentence de mort, arrest de mort, Une condamnation qui porte une peine capitale. Il est appellant d'une sentence de mort.On dit qu'Un homme est à l'article de la mort, entre la vie & la mort, pour dire, qu'Il est à l'agonie.On dit, Estre malade à la mort, pour dire, Souffrir extremement, estre fort malade.On appelle, Mort civile, La privation des droits & des fonctions de la societé civile. Le bannissement à perpetuité est une mort civile.A Mort. Façon de parler adverbiale. Blesser à mort. il fut frappé à mort. haïr à mort. On dit aussi, haïr à la mort.On appelle, Mort aux rats, Une drogue dont on se sert pour faire mourir les rats.On dit, qu'Un homme est mort de sa belle mort, pour dire, qu'Il est mort de sa mort naturelle.On dit prov. d'Un homme, qu'Il a la mort entre les dents, sur les lévres, pour dire, qu'Il est prest à mourir. Il a la mort entre les dents, & songe encore à bastir.On dit prov. & figur. Aprés la mort le Medecin, pour dire, Un remede, un secours tardif.Mort, Se dit par exaggeration des grandes douleurs. La goute luy fait souffrir mille morts.On le dit aussi des grands chagrins. Ce fils denaturé luy donne la mort. cette nouvelle luy a mis la mort au coeur.On dit poëtiqu. & dans le stile soustenu, La mort fut sourde à ses cris. il appella la mort à son aide.On dit figur. C'est une mort que d'avoir affaire à un tel homme, que de poursuivre une telle affaire, pour dire, que C'est une grande peine, une grande misere.On dit de deux amis bien unis. C'est à la mort & à la vie.On dit prov. Il y a remede à tout fors à la mort.On dit, d'Un valet qui est long à revenir, qu'Il seroit bon à aller querir la mort.
Dictionnaire de l'Académie française . 1964.